Résumé : 

À la rencontre du sociologique et du politique, se tient le « socio-politique » que nos contemporains journalistes et chroniqueurs ne semblent pas connaître ; du moins ils semblent l’ignorer ou s’en passer sans difficulté.  

Mots clés : discrédit, manipulation, social, sociologique, politique  

Abstract : 

With the meeting of sociological and the policy, the “socio-policy is held” that our contemporaries journalists and chroniclers do not seem to know; at least they seem to be unaware of it or to occur some without difficulty.  

Key words: discredit, handling, social, sociological, political   

A propos d’une notion aimable,

le « socio-politique »  

À la rencontre du sociologique et du politique, se tient le « socio-politique » que nos contemporains journalistes et chroniqueurs ne semblent pas connaître ; du moins ils semblent l’ignorer ou s’en passer sans difficulté.  

L’une des raisons en est que le « sociologique » tel qu’ils le pensent verse directement dans le « social », doté d’une couleur de misérabilisme moralisant ; l’autre raison vient de leur discrédit du « politique », assimilé à demi-mot aux manipulations et aux artifices de la « com » (en français : la communication). Oui, les mots dégénèrent rapidement comme le comestible pourrissant. 

Moins de « ressenti » (authentique ou hypocrite), plus de simplicité dans la sémantique ne nuiraient pas à la vie « sociale » qu’est supposée entretenir la presse par ses informations, vite péjorées sous des grimaces stylistiques.   

Qu’est-ce que le « socio-politique » ?  

C’est peut-être aussi un outil utilisable à l’endroit du public, mais c’est sûrement avant tout une réalité concrète exempte de perfidie. En tant que concept, c’est l’idée sise au croisement du sociologique et du politique : c’est-à-dire la rencontre d’un état de fait quantifiable et repérable et d’un mode de vie qualifiable et partagable.  

C’est donc à la fois le descriptible en termes historico-géographiques et l’évocable en termes axiologiques.

Dans une prise en bonne part, le « vivre ensemble » politique est la référence de bon aloi qui s’impose, et vers laquelle le sociologique oriente ses garanties, compte tenu d’une adhésion raisonnable dans la perspective d’une vie en commun : famille ou nation.  

Le politique implique l’estime réciproque, sans laquelle le « vivre ensemble » sociologique s’oriente vers un enfer. Le statut conflictuel de la démocratie comprise « à la française » finit par faire oublier l’estime politique fondamentale, nécessaire à la pratique des libertés citoyennes.  

Sans que ce ne soit une utopie, on peut imaginer la possibilité effective de changer les arrière-fonds de l’ancienne « question sociale » toujours permanente, en acceptant de substituer, à la revendication syndicale de la redistribution des richesses, l’exigence d’une administration toujours plus équitable de leurs acquisitions légitimes, permettant, au-delà de la mauvaise foi, une saine attitude de reconnaissance entre eux des différents corps de métiers ou groupes d’activités en exercice. 

La demande de justice n’aboutit pas mieux si elle se veut agressive que si elle se confirme dans la coopération socio-politique propre à la reconnaissance mutuelle dans les conditions d’une « sociocratie » fonctionnant selon des attributs qui peuvent se résumer à quatre verbes : aimer, savoir, vouloir, pouvoir 

En effet, l’altruisme risquerait d’être plus efficace que la lutte de classes dont nous nous sommes nourris durant tout le vingtième siècle. Plutôt que Marx, Comte peut nous conduire à une bonne compréhension du socio-politique : 

« À la fois une métapsychologie (la théorie cérébrale) et une métasociologie (la théorie des forces sociales) conditionnent la théorie de la société dont le concept, original chez Comte, détermine l’appréhension de la sociocratie, forme politique résultant de la théorie scientifique de l’homme et du monde. Il revient à Comte l'honneur d'avoir pu formuler, grâce au point de vue anthropologique auquel il se plaçait, que l'unité humaine ne peut pas être « objective », c'est-à-dire rapportée à l'univers, mais qu'elle est « subjective », rapportée à l'humanité » (Kremer-Marietti A., 2007, p.21). 

Notons qu’au Canada, le gouvernement de la province de la Saskatchewan a obtenu que l’Assemblée communautaire fransaskoise explore et adopte le concept de sociocratie, en tant que « prise de décision par consentement », pour s’en inspirer afin d’améliorer ses mécanismes de gouvernance et de représentation. Les décisions sont communiquées au ministère du Patrimoine canadien, qui reconnaît les choix de gouvernance du secteur communautaire fransaskois.  

Imaginer, de même, le pouvoir inhérent à un cercle de concertation au moins égal au pouvoir traditionnellement délégué au chef hiérarchique : comme d’orienter l'unité de travail, de mandater des comités aptes à l’élucidation des problèmes, sur la base de la reconnaissance réciproque des parties en présence.    

Référence bibliographique  

– Kremer-Marietti A., Le kaléidoscope épistémologique d’Auguste Comte, Paris, L’Harmattan, 2007.