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Mots-clefs :

expérience de groupe,
plaisir, appréhension du monde par la recherche

Résumé de la recherche conduite

Notre travail de recherche a pris forme grâce à des commanditaires
(les responsables internes de la formation des jeunes en emploi CES) qui
ont fait émerger la question suivante : « Comment les agents sous
CES (Contrat emploi solidarité)[1]ont-ils vécu l’évolution de leur
parcours d’insertion professionnelle pendant leur passage au CHRU (Centre
hospitalier régional universitaire) de Clermont-Ferrand ? ».

1 – Une méthode de travail nous a permis de
répondre à cette question à travers différentes étapes.

Tout d’abord nous avons consacré du temps à lire certains
auteurs (Tanguy, D’Iribarne, Dubar, Boutinet, Goguelin) afin de définir au mieux les termes
(insertion, vécu professionnel) de notre question de départ et
d’appréhender certaines notions. Ce travail entre dans la phase
exploratoire des points théoriques essentiels. Suite à cela, nous avons
procédé à la phase d’exploration pratique en interviewant 14 agents
encore sous CES afin d’avoir un premier contact et de définir les
principales caractéristiques de la population enquêtée (sans oublier le
recueil des points de vue de certaines personnes-ressources de
l’hôpital ayant autorité ou en contact avec les agents sous CES).

Nous avons extrait de nos lectures et de nos
interviews exploratoires les idées et les thèmes qui nous ont paru
pertinents afin de construire un schéma (un graphe ou un « systémographe », selon Le Moigne,
1994) établissant de façon cohérente les relations entre les différents
éléments retenus.

Ci-dessous : extrait du rapport de recherche
« L’insertion professionnelle des agents en contrat
d’emploi solidarité pendant leur passage au CHRU de Clermont
Ferrand » 1995-1996, EPSI

La mise en schéma de la problématique est une
opération essentielle qui oblige à choisir les mots (concepts) pour
parler du problème et à établir les liaisons entre les éléments du
système identifié.

Nous avons ainsi appréhendé le « vécu » de
l’insertion professionnelle par : la démarche
d’insertion, les apports du travail en tant que CES, le sens
accordé au statut de CES.

A partir de toutes ces constatations, nous avons
formulé l’hypothèse suivante : « Plus la démarche
d’insertion et les rapports du travail en tant que CES sont
importants et plus le sens accordé au statut de CES est valorisant, mieux
sera vécu leur parcours d’insertion professionnelle ».

Afin de tester le degré de validité de notre
hypothèse, nous avons construit un questionnaire détaillant tous les
éléments de l’hypothèse que nous avons soumis à 53 personnes.

« Comment les agents sous CES ont-ils vécu
l’évolution de leur parcours d’insertion professionnelle
pendant leur passage au CHRU ? ». Voici la question à laquelle
nous nous sommes proposés de répondre suite à la rencontre que nous avons
eue avec nos commanditaires.

Le dépouillement des questionnaires, l’analyse
des réponses mises en relation avec les éléments de la fiche
d’identité nous ont permis d’apporter quelques lumières et
ainsi de formuler une conclusion en termes d’orientation pour
l’action, d’amélioration des pratiques des différents
intervenants impliqués dans le dispositif : assistants sociaux,
agents de l’ANPE ou des différentes commissions locales
d’insertion, tuteurs collègues de travail.

Ce qui ressort prioritairement de notre étude,
c’est l’importance du « projet professionnel » et
le « suivi d’une formation pendant le CES » qui
permettent de vivre positivement le temps du stage CES ; ce sont les
femmes et les plus jeunes ayant une qualification CAP/BEP qui
s’investissent le plus malgré le jugement négatif de
l’entourage professionnel, de la famille, des amis sur le
dispositif.

Travail brièvement formulé – mais tout cela est si
loin -, je garde en mémoire un travail de groupe enrichissant, beaucoup
de plaisir à se retrouver pour partager une réflexion, parfois même de la
dérision.

2 – Une ambiance

Le travail de recherche fut une sacrée expérience,
d’abord parce qu’il nous a initié à une méthodologie (ce terme
seul peut déjà effrayer tellement il est porteur d’une certaine
lourdeur!), à une réflexion qui chaque jour progressait, mûrissait
et nous donnait de l’enthousiasme!

Ce travail a su rattacher des données théoriques (il
nous a rapproché de certains auteurs, nous a fait découvrir certains
sociologues) à des rencontres sur le terrain (à des discours, des
paroles dont nous avons pu être témoins) et de tout cela nous
avons su en tirer quelque chose, quelque chose qui ressemblerait à une
réflexion collective liant débats, incertitudes, avancées, comme le
sentiment de se rapprocher du monde qui nous entoure, de l’appréhender
autrement, de s’y poser et d’y réfléchir!

Travail d’autant plus intéressant puisqu’il s’est
réalisé en groupe ! Sacrés souvenirs ponctués de rires en cascades
et de moments de travail intense, de concentration obligée! Nous
avons eu un immense plaisir à partager ensemble cette expérience de
travail. Elle s’est faite aussi avec beaucoup de simplicité, chaque
membre du groupe y avait sa place au milieu d’une convivialité certaine,
d’un respect mutuel mais avec du rire, beaucoup de rire! C’était riche,
c’était gai, c’était plaisant et rude de travail! 

3 – Des écrits : la revue Actions sociales en
Auvergne

Pour donner une idée des types de commandes issues du
secteur social et sanitaire et réalisées par des étudiants « praticiens-chercheurs » ou des professionnels de
terrain « praticiens-chercheurs, voici
(ci-dessous) une présentation de la 4ème de couverture de la Revue
Actions sociales en Auvergne.

Cette revue faisait partie du dispositif et permettait
de faire connaître au secteur social les résultats des recherches
effectuées et de faire rédiger aux étudiants des « notes de
synthèses » sur leur travail.

Références bibliographiques

(pour en savoir plus sur le dispositif de formation
par la recherche de l’EPSI) :

Drouard, H.
1987, « Stratégie de développement régional de la recherche en
travail social » in Produire les savoirs du travail social, actes du
3ème colloque de la recherche en travail social, éd. Comité de liaison
des centres de formation permanente et supérieure en travail social.

Bouquet B., Drouard H.,
Duchamp M., 1989 La recherche en travail social, Centurion.

Document « Recherche et
Professionnalisation », rapport de recherche MEN DRED, 1991-1992
Analyse de 7 dispositifs de Formation par la Recherche, sous la direction
de JM. Barbier du Cnam.

Hardy, J.P. , 1999. Guide de l’action sociale
contre les exclusions, Paris, Dunod.

Le Moigne, J.L. 1994, la
théorie du système général, PUF, 4ème éd.

Revue « Actions sociales en Auvergne »

Notes

[1] Dispositif français de lutte contre le chômage et
l’exclusion réservé à certaines catégories et de façon privilégiée
pour les jeunes de 18 à 25 ans, mis en place par la loi du 19 Déc.1989 (cf.
Hardy, J.P. , 1999).

Notice bibliographique

Gion, Anne-Emmanuelle.
« Annexe – Témoignage d’une formée, dix ans après (formation en 1995
– 1996) », Esprit
critique, Hiver 2006 – Vol.08, No.01, ISSN 1705-1045, consulté sur
Internet: http://www.espritcritique.fr