Résumé : 

Je conçois la sociologie comme une discipline et non comme une science. Elle partage ce statut avec la philosophie et l’histoire. Toutes trois sont à ranger dans une classe distincte de celle où l’on trouve les sciences économique, politique, religieuse, démographique et autres. Les deux classes peuvent se croiser, car elles ne se situent pas dans le même champ cognitif. On est justifié de parler de philosophie, d’histoire et de sociologie démographiques, religieuses, politiques, économiques et autres.  

Mots clés : sociologie, discipline, classe  

Abstract : 

I conceive sociology like a discipline and not like a science. It divides this statute with philosophy and the history. All three are to be arranged in a class distinct from that where sciences are found economic, political, religious, demographic and different. The two classes can cross, because they are not located in the same cognitive field. One is justified of speaking about philosophy, history and sociology demographic, religious, political, economic and different. 

Key words : sociology, discipline, class   

Mais qu’est-ce que la sociologie ?  

Je conçois la sociologie comme une discipline et non comme une science. Elle partage ce statut avec la philosophie et l’histoire. Toutes trois sont à ranger dans une classe distincte de celle où l’on trouve les sciences économique, politique, religieuse, démographique et autres. Les deux classes peuvent se croiser, car elles ne se situent pas dans le même champ cognitif. On est justifié de parler de philosophie, d’histoire et de sociologie démographiques, religieuses, politiques, économiques et autres.  

Pour comprendre et peut-être justifier ces distinctions, sur lesquelles me paraît reposer l’exploration rationnelle du règne humain, il suffit d’admettre que les objets composant celui-ci se rangent de nature dans des ordres distincts et que chaque objet peut et doit être saisi à trois niveaux différents de réalité.

Prenons un exemple limpide dans le seul livre jamais écrit qui puisse prétendre être définitif, le De la guerre de Clausewitz. Il porte sur un objet distinct, la guerre, susceptible de fonder une science consacrée à son exploration rationnelle. Cette science, que l’on a proposé d’appeler « polémologie » – pourquoi pas ?, est un département de la science politique, car la guerre est un phénomène politique. Dans ce livre, Clausewitz s’est livré à l’analyse la plus rigoureuse et la plus profonde pour réussir à définir et à saisir l’objet de la guerre à son niveau conceptuel de réalité. La définition conceptuelle une fois posée sur des fondements solides, une masse immense et presque infinie d’événements et de phénomènes s’est offerte à son attention, dont il a choisi d’excepter les guerres napoléoniennes, celles de Frédéric II et, plus secondairement, celles de l’Antiquité grecque et romaine. Chacune de ces guerres a été un événement historique, qu’il a fallu reconstituer, tant bien que mal, dans sa singularité irréductible à l’aide de documents toujours lacunaires. Clausewitz ne s’est pas ou peu occupé de ce travail d’historien, du moins dans De la guerre, mais il s’est nourri des travaux des historiens militaires. Pour faire quoi ? Eh bien, de la sociologie ! En effet, après avoir construit en philosophe son objet dans sa réalité conceptuelle, il ne se lance dans le récit d’aucune guerre en particulier, mais se sert de son immense culture en histoire militaire pour mettre en évidence et expliquer des particularités, par exemple celles introduites par la Révolution et l’Empire dans l’art de la guerre en Europe. Car ces particularités, vécues par lui en tant que général prussien, lui sont apparues comme une question majeure, dont la réponse éventuelle ne pouvait être trouvée que par les efforts réunis de la philosophie, de l’histoire et d’une troisième discipline, dont le projet propre est de réunir un certain nombre de cas historiques et de les comparer entre eux, de manière à se donner les moyens de repérer et de peser les facteurs qui affectent la transition de l’Un au Multiple ou du Même à l’Autre.

J’aurais pu prendre un autre exemple dans La politique d’Aristote, où l’on retrouve la même démarche triple : une analyse conceptuelle, une moisson de cas historiques, une comparaison entre les cas, pour réussir à expliquer leur diversité à la lumière du concept. Je tiens Aristote pour le fondateur de la sociologie, sans le mot.

Si l’on généralise ces deux exemples glorieux, on parvient à une conception cohérente, dont je me contenterai de vous énoncer les propositions les plus générales. Dans tout objet du réel humain – et peut-être du réel en général, mais je ne suis pas compétent pour parler des règnes physique et vivant –, il existe un niveau de réalité universel, qui se retrouve identique dans tous les objets de la même classe. Au pôle opposé à celui de l’universalité, chaque objet a aussi son niveau de réalité singulier, qui le rend unique, incomparable et à jamais inconnaissable de manière exhaustive. Entre ces deux niveaux se trouve une succession de niveaux de particularité, qui ne peuvent être détectés que par la comparaison entre cas singuliers. Il y a la guerre, la révolution, le régime politique, comme il y a la guerre du Péloponnèse, la Révolution française et la république de Venise. Mais il y a aussi la guerre, la révolution, le régime politique dans les cités, où ils se présentent avec des caractères intelligiblement distincts de ceux que l’on rencontre dans le monde tribal, dans les empires ou dans le concert des nations européennes. La singularité exclusive de la guerre du Péloponnèse est, aussi et par ailleurs, une guerre du monde des cités grecques, dont on chercherait en vain un parallèle dans les histoires chinoise ou indienne, alors qu’il s’en présente un en Europe deux mille trois cents ans plus tard dans la seconde guerre de Trente Ans (1914-1945). Le rapprochement est justifié par la considération que, dans l’un et l’autre cas et pour des raisons qu’il est possible de repérer, les conditions ont été réunies, qui engagent la guerre dans sa destination conceptuelle de la montée aux extrêmes et de la lutte à mort ou guerre totale.

En quarante ans de travail soutenu, il m’a été jusqu’ici impossible de repérer un seul événement humain, qu’il s’agisse de suicides, de révolutions, de régimes politiques ou économiques, de castes, de civilisations, qui n’exigeât l’effort d’une démarche conjointement philosophique, historiographique et sociologique. De quelque point de vue que l’on parte, la nature des choses et la logique de la connaissance scientifique impose, si l’on creuse assez loin et profond, de rejoindre les deux autres.

Mais, me direz-vous, comment expliquez-vous que la sociologie n’apparaisse qu’au XIXe siècle, alors que la philosophie et l’histoire existent depuis deux mille cinq cents ans au moins ?

L’objection n’est que partiellement vraie. L’analyse des révolutions dans les cités par Aristote est de la sociologie impeccable. Ibn Khaldun a produit, dès le XIVe siècle, un monument de la sociologie politique. En cherchant bien, on trouverait d’autres précurseurs un peu partout, Sima Qian en Chine, Nizam al-Mulk en Iran, Jean Bodin en Europe. Mais il demeure que le point de vue sociologique a été inauguré en tant que tel dans De l’esprit des lois de Montesquieu et que c’est une discipline reconnue depuis le XIXe siècle seulement. 

La présente interprétation suggère une explication de ce décalage chronologique entre les trois disciplines.

La philosophie et l’histoire naissent de développements néolithiques qui ont abouti à la mise en place des grandes aires culturelles, chinoise, indienne, asiatique antérieure, européenne, mésoaméricaine. Partout, la philosophie émerge de transformations avant tout religieuses, alors que l’histoire est plutôt dans la dépendance d’évolutions politiques. Ces développements néolithiques se sont étendus sur cinq à sept mille ans et ont abouti à la définition d’aires repliées chacune sur elle-même. Dans ce contexte, la comparaison ne va pas de soi, car le temps déborde la documentation et pousse l’historiographie dans le mythe, la légende et l’épopée, et l’espace est maintenu clos sur l’extérieur. Il a fallu l’émergence de la modernité en Europe, l’analogue de la mutation néolithique, pour que son caractère explosif et inflatoire et son extension quasi instantanée à la planète et à l’humanité entières imposassent l’urgence d’en proposer une explication plausible. Le choc de la modernité a ébranlé jusque dans ses fondements la philosophie dès le XVIIe siècle, a imposé à l’histoire une mue profonde à partir du XVIIIe siècle et donné l’occasion à la sociologie de se différencier au XIXe siècle.

En définissant la sociologie comme une discipline attachée à la particularité et distincte à la fois de la philosophie consacrée à l’universalité et de l’histoire appliquée à la singularité, et en rapportant sa naissance tardive à la modernisation, j’entrevois la possibilité d’expliquer trois développements contemporains notables. La sociologie s’est mise au pluriel, au risque de perdre son identité. Elle subit, du fait de sa date de naissance, l’attraction de l’idéologie. Tout ce qui parle et écrit fait à longueur de journée de la sociologie sans le savoir. Ces trois développements, probablement inévitables, ont brouillé l’identité de la discipline, terni sa réputation et valu à ses praticiens maintes avanies.

La sociologie s’est mise au pluriel par deux voies tout à fait distinctes.

La première est imposée par son statut disciplinaire. En tant que spécialiste de la particularité et de la particularisation, la sociologie a pour objectif de contribuer à l’explication des faits humains, en postulant qu’ils ne sont jamais les résultats exclusifs de développements spontanés et endogènes, qui feraient passer de l’unité de la nature humaine à la diversité de ses expressions culturelles. Le postulat a un corollaire : l’explication d’un fait humain ne peut pas être trouvée exhaustivement dans le segment du réel dont il est originaire, elle doit aussi repérer et peser les contributions de faits originaires de segments différents du réel. Un événement politique évoque nécessairement des développements économiques, religieux, démographiques ou autres, et réciproquement. La ou les clés du réel perçu sont toujours en partie ailleurs. Pour les trouver, il n’est pas d’autre piste d’enquête que la comparaison entre plusieurs cas. Si l’on prétend expliquer pourquoi le capitalisme est né en Europe, on ne voit pas comment il serait possible de procéder autrement que Max Weber : après avoir atteint une définition plausible de l’objet, ce qui n’est pas une mince affaire, il faut aller voir là où le capitalisme n’est pas né ou est né incomplètement et épisodiquement, en Chine, en Inde et ailleurs, dans l’espoir de repérer la ou les particularités européennes qui pourraient plausiblement en être responsables et dont le postulat sociologique stipule qu’elles ne sont pas économiques, sous peine de tautologie ou de pétition de principe, mais religieuses, éthiques, politiques, cognitives, démographiques ou autres. Le fait que la sociologie soit, de nature, tendue entre la philosophie et l’histoire impose un premier dédoublement de la discipline.

Les uns, comme Durkheim et Pareto, inclinent par tempérament intellectuel à la mise en évidence systématique des corrélations et à la construction de modèles explicatifs du réel. Logiquement, ils doivent prendre en compte la totalité de l’aventure humaine dans toutes ses expressions particulières, non pas au sens où ils devraient tout savoir, ce qui est absurde, mais en ce que les échantillons de cas doivent être représentatifs, qu’ils construisent pour élaborer leurs théories. De là, le statut anecdotique et artificiel des partages de la matière historique entre l’archéologie préhistorique, l’ethnologie et l’ethnographie, l’orientalisme et d’autres rubriques administratives.

Les autres, comme Tocqueville et Weber, inclinent plutôt vers l’histoire et ne s’imposent des détours comparatifs et théoriques que pour en appliquer les enseignements à l’événement historique qui les intéresse, l’égalisation des conditions en Europe ou la naissance du capitalisme.

Les premiers sont plus volontiers théoriciens, les seconds plutôt des historiens sociologues.

Une seconde occasion, tout aussi inévitable et légitime, de mettre la sociologie au pluriel, naît de la distinction entre discipline et science. En tant que discipline, la sociologie n’a pas d’objet propre, pas plus que la philosophie ou l’histoire. L’aventure humaine tout entière est leur objet. Mais notre entendement est ainsi fait qu’il ne peut saisir avec une rigueur satisfaisante que des segments du réel humain. Chaque segment est pris en charge par une science, la démographie, la politologie, la criminologie, la suicidologie, la science économique, et ainsi de suite. De ce fait, la sociologie se spécialise inévitablement et risque d’y perdre son identité. La situation est, en fait, plus grave. De deux choses l’une. Ou bien les compétents dans chaque science, les économistes, les démographes, les politologues, recourent alternativement aux points de vue philosophique, historique et socio-logique selon les questions à résoudre, et ils courent un risque sérieux de le faire en amateurs. Le risque est le plus grand pour la sociologie, dont le point de vue propre et le postulat interdisent de s’en tenir à un segment du réel. Un économiste sociologue doit avoir plus que des idées vagues sur le politique, le religieux et le démographique, sinon il n’est pas sociologue du tout. Ou bien, on se forme en sociologie générale et on a toutes les chances de rester incompétent dans les diverses sciences qui pourraient en bénéficier. 

Pour échapper à ce dilemme probablement insoluble, la sociologie a tenté une mutation, en développant des indications anciennes du caméralisme et de la statistique sociale et en posant que, après tout, la sociologie n’est pas une discipline, mais une science.

De même que la science économique étudie l’économique et la science politique le politique, la socio-logie étudie le social. La solution n’est ni abusive ni dépourvue de sens. Il existe, de fait, dans la matière historique, des objets susceptibles d’être pris en charge par une ou des sciences distinctes et que l’on peut convenir d’appeler « sociaux ». L’humanité est distribuée en populations innombrables, dont les acteurs sont marqués par des traits culturels variés, sont stratifiés de manière non quelconque, forment des ensembles de consistance variable, sont réunis en réseaux plus ou moins intégrés, sont susceptibles de se mobiliser en certaines circonstances, produisent par agrégations non intentionnelles des objets inédits, et ainsi de suite. Cette solution, déjà esquissée, et même au-delà, par Durkheim, l’a emporté, dès lors que les Américains l’ont reçue et sont devenus guides d’opinion planétaires. Ils l’ont reçue peut-être parce qu’elle concourait à deux autres développements américains, la non-pertinence de l’histoire pour qui n’a pas de passé et se veut tout avenir et la réduction de la philosophie à une science particulière, consacrée à décider ce que parler veut dire. L’influence américaine, triomphante et incontestée, consacre la dissolution, provisoire, à n’en pas douter, des trois disciplines dans un foisonnement de sciences spécialisées. La solution trouvée est légitime, mais elle a le tort d’user du même mot de sociologie pour désigner une démarche cognitive radicalement différente de la précédente. La confusion est immédiatement dénoncée et dissipée, si l’on maintient la distinction entre discipline et science. Il y a une ou des sciences de réalités que l’on peut décider d’appeler « sociales », comme d’autres sont économiques, politiques ou religieuses, mais cette ou ces sciences du social doivent, par nécessité cognitive, recourir aux points de vue philosophique, historien et sociologique. Il doit y avoir, en parallèle rigoureux avec la démographie ou l’économie ou la politologie sociologiques, une sociologie sociologique !

Il aurait mieux valu changer la terminologie, parler peut-être de « philosophie de l’histoire » à propos de la discipline et conserver « sociologie » pour la science, mais l’expression de philosophie de l’histoire a un passé si chargé et si mêlé qu’elle est devenue à peu près inutilisable. De toute façon, il est probablement trop tard.

Les liens de la sociologie avec l’idéologie sont notoires, dénoncés, déplorés. Je ne les crois pas incestueux. Je les vois plutôt comme des viols répétés. La sociologie, dans toutes ses acceptions légitimes, n’a, de soi, rien à dire sur la manière d’assurer le bonheur des gens sans leur demander leur avis. Sans doute, le propre du règne humain étant de se construire sur des efforts, toujours plus ou moins manqués, pour atteindre des fins et se conformer à des normes, les trois disciplines et toutes les sciences humaines doivent s’incliner devant les indications de leurs objets et tenir compte de leurs insuffisances objectives et de leurs défauts intrinsèques ; mais ce n’est pas parce que la tyrannie et la planification sont des régimes politique et économique dénaturés que l’on peut se dispenser de les étudier avec la même rigueur et le même soin que les bons régimes. On peut, sans doute, plaider que le détachement objectif est plus difficile et plus méritoire dans les sciences humaines que dans les sciences physiques, et constater que les économistes ont une tendance fâcheuse à confondre l’économie politique avec la politique économique.

Le mouvement n’est pas de la socio-logie à l’idéologie mais de l’idéologie à la sociologie. Il se comprend de soi, si l’on définit l’idéologie comme un ensemble plus ou moins cohérent de représentations au service de l’action politique. Le propre de l’idéologie est de se nourrir, pour produire ces représentations, d’emprunts à des domaines étrangers au politique. Dans les mondes pré-modernes, le domaine parasité avec prédilection était la religion. Elle a été mise au service du pouvoir politique partout, non parce que les religions auraient des affinités particulières avec le pouvoir, mais du fait que celui-ci a besoin de justifier idéologiquement une position fondée sur un coup de force originel et de donner au peuple de bonnes raisons de ne pas se révolter. « Dieu le veut, ou le Ciel, ou le dharma » est une solution plausible. Dans le monde moderne, la religion peut toujours servir à des fins idéologiques dans les intégrismes réactionnaires ; mais elle a cédé, pour l’essentiel, la place à la science comme référent et comme justificatif. Il n’est pas mystérieux que, de toutes les entreprises scientifiques disponibles, l’idéologie ait exprimé une préférence marquée pour la sociologie.

En tant que discipline reposant sur le postulat de la relativité intelligible des choses et en tant que science portant sur le « social », la sociologie convient bien mieux aux idéologues que la philosophie, l’histoire et toutes les autres sciences du règne humain. Toutes sont sollicitées et contaminées, mais la sociologie plus que les autres. Ce ne sont pas les sociologues qui deviendraient par état des idéologues, mais les idéologues qui rejoignent de préférence la sociologie. Le sens du mouvement est déjà perceptible chez les pères fondateurs, à commencer par Karl Marx. 

Les sociologues ne savent pas très bien ce qu’est la sociologie et beaucoup sont des idéologues. Pour le comprendre, il suffit d’observer le discrédit dans lequel la discipline et la science sociologiques sont tombées depuis les années soixante. C’est un plaisir très délicat pour les initiés de constater quotidiennement que les non-sociologues font à longueur de journée de la sociologie sans le savoir, à la manière dont monsieur Jourdain faisait de la prose et avec des résultats pires encore. Monsieur Jourdain produisait de la mauvaise prose. Les non-sociologues ne commettent pas de la mauvaise sociologie : le dommage serait sans conséquence. Ils répandent, sans s’en douter, de l’idéologie.

La sociologie procure une explication simple. Elle est née d’un besoin de comprendre la modernité. La modernité est un analogue de la mutation néolithique. Toutes deux sont marquées par des phénomènes simultanés de décomposition des héritages et de recomposition de patrimoines inédits. La néolithisation a duré plus de cinq mille ans, la modernisation moins d’un demi-millénaire. Le traumatisme est violent et a engendré une demande idéologique intense et universelle. La demande s’adresse, sans le savoir, à la sociologie, qui répond par une offre idéologique. Elle s’exprime dans les journaux, à la télévision, dans les livres, sur Internet, dans les conversations de café, au cinéma, dans les dîners en ville, dans les chansons, partout et de manière obsédante. Le seul recours pour les initiés, quand le spectacle ne les amuse plus, est de suivre l’exemple de leurs prédécesseurs dans tous les mondes antérieurs : zapper et se réfugier dans la solitude et les cercles choisis, pour s’occuper sérieusement entre gens sérieux de questions sérieuses, par exemple de sociologie, mais aussi d’histoire et de philosophie.